Bénin / Rwanda : Le renforcement des relations diplomatiques entre Kigali et Cotonou
Les relations diplomatiques entre le Rwanda et le Bénin sont au beau fixe et ça se voit.
En visite officielle à Cotonou les 14 et 15 avril dernier, le Président rwandais, M. Paul Kagame, a rencontré son homologue béninois M. Patrice Talon, avec lequel, il a longuement échangé sur un soutien militaire face aux djihadistes débordant sur la frontière nord du pays d’Afrique de l’Ouest depuis le Burkina Faso. Les deux pays ont également signé pas moins de neuf accords de coopération dans divers secteurs, allant de l’agriculture, au numérique, à la gouvernance locale, au développement durable, à l’industrie, en passant par le tourisme ou encore la promotion des investissements.
Le Bénin avait annoncé l’an dernier être en pourparlers au sujet d’une coopération militaire et logistique avec le Rwanda, dont les troupes ont déjà été déployées par le président Kagame pour combattre des insurrections au Mozambique et en République centrafricaine. En effet, les autorités du Burkina n’arrivent pas à contenir une insurrection djihadiste qui gagne du terrain juste au-delà des frontières nord de quatre pays côtiers d’Afrique de l’Ouest, le Bénin, le Togo, le Ghana et la Côte d’Ivoire. « Nous sommes prêts à travailler avec le Bénin pour prévenir tout ce qui se peut produire dans la zone autour de ses frontières », a déclaré samedi à Cotonou le président rwandais, lors d’une conférence de presse avec M. Talon. « Il n’y aura pas de limite » dans ce qui « sera accompli ensemble pour les défis sécuritaires qui s’imposent », a-t-il assuré.
« Nous irons le plus loin possible si c’est nécessaire. […] Le Bénin est confronté à l’insécurité qui descend du Sahel et la menace est réelle au nord du Bénin », a pour sa part dit le président béninois. Pour Patrice Talon, cette coopération pourrait notamment porter sur de l’« encadrement », du « coaching », de la « formation » et le « déploiement conjoint » de troupes, sans plus de détails.
Le retrait de l’armée française du Mali à cause de tensions montantes avec la junte au pouvoir et l’instabilité du Burkina Faso ont poussé les Occidentaux à recentrer leur aide sur les pays côtiers du golfe de Guinée pour empêcher la propagation vers le sud des attaques djihadistes qui ensanglantent le Sahel. Le Bénin, le Togo et la Côte d’Ivoire ont déjà subi des attaques dans des régions frontalières qu’ils ont attribuées aux djihadistes, tandis que le Ghana a récemment renforcé sa présence militaire le long de sa frontière nord.
Avant leur conférence de presse, les deux dirigeants ont eu un tête-à-tête d’environ quatre-vingt-dix minutes pour évoquer la qualité des relations entre les deux pays et « la recherche de partenariats stratégiques » dans plusieurs domaines, dont celui de la sécurité, selon un communiqué de presse gouvernemental. Ils ont évoqué « la menace terroriste et son extension », de même que les moyens de renforcer la coopération pour y faire face, indique le même communiqué. Selon Patrice Talon, qui se dit « enthousiaste », « l’armée rwandaise a de l’expérience et est aguerrie », étant intervenue dans plusieurs pays.