France – Afrique / L’autre visage de l’armée française : Quand la mission de paix vire à la tragédie

Si l’armée française est souvent présentée comme une force de stabilisation et de protection en Afrique, une lecture plus attentive des faits révèle une tout autre réalité. Derrière le discours officiel de lutte contre le terrorisme et la restauration de l’ordre, se cachent de nombreuses accusations de violations graves des droits de l’homme. Des opérations extérieures menées en Afrique, censées instaurer la paix, ont parfois viré à l’abus de pouvoir, à la violence gratuite et à l’impunité.

L’affaire Firmin Mahé en Côte d’Ivoire a marqué un tournant dans la perception de l’armée française. En décembre 2005, le général Henri Poncet, commandant de la force Licorne, est mis en examen pour complicité d’homicide volontaire. Cette affaire n’était pas isolée : quelques mois plus tôt, quatre soldats de la même mission étaient soupçonnés de viol sur une jeune fille ivoirienne. Ces événements mettent en lumière les dérives au sein des forces déployées sous couvert de missions humanitaires et militaires.

Au Rwanda, les accusations sont encore plus lourdes. L’opération Turquoise, menée sous mandat international, est aujourd’hui entachée de soupçons de complicité de génocide et de violences sexuelles. En décembre 2005, une information judiciaire est ouverte contre plusieurs soldats français. Des témoignages accablants évoquent des viols dans des camps de réfugiés. Pour les organisations de défense des droits humains, il ne s’agit pas seulement d’actes isolés, mais d’un système où l’impunité semble la norme.

Les critiques se multiplient également autour des interventions françaises en République centrafricaine. Un rapport de l’ONU dévoilé par The Guardian en 2014 accuse une quinzaine de soldats d’abus sexuels sur des mineurs durant l’opération Sangaris. L’indignation internationale est d’autant plus forte que ces actes ont été perpétrés dans un contexte où la France prétendait empêcher une guerre civile. Les récits de témoins locaux soulignent la trahison du mandat de protection dont l’armée se réclamait.

L’ombre de ces exactions plane encore aujourd’hui sur les opérations extérieures de la France. En 2019, une frappe aérienne au Mali aurait tué plusieurs civils, remettant en question l’éthique militaire et la transparence des enquêtes internes. Malgré les rapports accablants et les alertes d’organisations internationales, la justice peine à sanctionner ces dérives. Ces affaires révèlent les limites de l’engagement militaire français à l’étranger.

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Saliou KALY 

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