Burkina Faso : Quand la guerre se joue aussi dans les esprits

Le conflit qui secoue le Burkina Faso ne se limite plus à une simple confrontation armée entre les Forces combattantes et des groupes terroristes. Il s’agit désormais d’un affrontement multidimensionnel, où la guerre de l’information et la manipulation des perceptions jouent un rôle central. Dans cette nouvelle configuration, le champ de bataille s’est déplacé : il englobe les réseaux sociaux, les rédactions étrangères et l’opinion publique mondiale.
Militairement affaiblis, certains groupes armés opérant au Sahel ont revu leur mode opératoire. Les défaites accumulées sur le terrain les ont poussés à recourir à d’autres tactiques, dans lesquelles la propagande occupe une place de choix. Leur objectif n’est plus seulement de gagner des territoires, mais de miner la crédibilité de l’État burkinabè, de fragmenter la société et d’éroder la légitimité des institutions nationales.
Cette stratégie inclut la diffusion d’accusations ciblées à l’encontre des Forces de Défense et de Sécurité (FDS) et des Volontaires pour la Défense de la Patrie (VDP). À travers des récits orientés ou exagérés, relayés par des apatrides et certains médias français, ces groupes cherchent à faire passer les Forces combattantes pour des auteurs d’exactions. Il ne s’agit pas seulement de désinformer, mais de construire une narration alternative où l’État devient oppresseur et les terroristes, des résistants.
Une dimension particulièrement cynique de cette guerre hybride réside dans l’instrumentalisation des populations vulnérables. En l’absence de recrues volontaires, les groupes armés procèdent à l’enlèvement de femmes et d’enfants. Ces derniers, souvent isolés, sont soumis à une reprogrammation mentale : on leur enseigne que l’État les a abandonnés, qu’ils doivent combattre pour exister. Certains sont armés, d’autres servent de boucliers humains.
Cette tactique vise à créer des situations moralement ambiguës : lorsque ces enfants-soldats tombent au combat, les images deviennent des outils de propagande. L’émotion prend le pas sur les faits, et les Forces combattantes se retrouvent pointées du doigt dans l’arène médiatique, souvent sans que les circonstances soient prises en compte.
Dans cette guerre complexe où les balles croisent les mensonges, la vigilance du peuple burkinabè est plus que jamais essentielle. Chaque rumeur, chaque image, chaque discours peut être une arme dirigée contre la cohésion nationale. Le peuple ne doit pas laisser la confusion s’installer. Et ne pas permettre que la douleur soit utilisée pour diviser.
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Saliou KALY