Guinée Bissau : Umaro Sissoco Embalo souhaite stabiliser le pays ou maintenir son pouvoir ?
Les élections législatives se tiennent ce dimanche 04 juin, en Guinée Bissau. Pour ce faire, le chef de l’Etat bissau-guinéen, Umaro Sissoco Embalo, promet qu’il va se servir de ces législatives pour stabiliser le pays. L’opposition y voit une manœuvre pour asseoir de nouveau son pouvoir. Pour Umaro Sissoco Embalo, il s’agira pour ces législatives de renouveler les 102 députés et tenter une nouvelle fois de mettre fin à la paralysie politique. 22 partis sont en lice. Avant la dissolution du dernier Parlement, trois de ces formations se partageaient presque tous les sièges de l’Assemblée, à savoir le Madem G15, la famille politique du président ; le Parti africain pour l’Indépendance de la Guinée et du Cap-vert (PAIGC) fondé par Amilcar Cabral ; et le Parti du renouveau social (PRS).
Cela fait en effet un an que la Guinée Bissau vit sans Parlement. Le Président Umaro Sissoco Embalo ayant dissout l’Assemblée nationale suite à une tentative de coup d’Etat contre lui. Comme le rappelle l’analyste politique Rui Jorge Semedo dans une interview sur un média international, « la présidence s’est publiquement prononcée en faveur d’un système présidentiel, alors que le Parlement, à l’époque, plaidait pour un système semi-présidentiel. Ce différend se poursuivra certainement lors de la prochaine législature. » Nombreux sont les observateurs bissau-guinéens qui estiment que ce président n’a qu’une chose en tête : s’accaparer les pleins pouvoirs.
Pour certains, « depuis un certain temps, les organes de l’Etat travaillent pratiquement sans aucune autonomie, ce qui signifie que la séparation des pouvoirs n’existe pratiquement plus. » Ainsi, les élections suscitent peu d’enthousiasme, dans ce pays frappé par la pauvreté, le narcotrafic et la corruption. Présentement, la population doit faire face à une crise du marché de la noix de cajou, qui est une importante source de revenus pour eux.
En dépit de cette situation, Julio Mendonça, dirigeant de la principale centrale syndicale du pays, note que plusieurs partis ont été directement financés par l’argent public pendant la campagne. Il estime toujours au micro du média international que « la campagne qu’ils mènent est le résultat d’un détournement de fonds publics. Ils mènent des campagnes de millionnaires. Des gens ou des partis qui n’avaient même pas de vélo conduisent aujourd’hui des voitures de luxe flambant neuves. C’est une insulte à la population. Les gens vivent dans la pauvreté, il n’y a pas de pouvoir d’achat. Les travailleurs souffrent énormément, il n’y a pas de système de santé et d’éducation ».
D’ailleurs, au-delà de ce climat de méfiance, la société civile note une régression des libertés fondamentales : stations de radio incendiées, des militants brutalement battus, des blogueurs enlevés et torturés, et des membres de l’opposition réprimés. Rappelons que depuis l’instauration de la démocratie en 1994, la Guinée-Bissau a connu 22 Premiers ministres, trois coups d’Etat militaires et a été le théâtre d’une guerre civile.