Cameroun : où en sont les préparatifs de la Coupe d’Afrique des Nations ?
La 33ème édition de la Coupe d’Afrique des Nations doit débuter le 9 janvier 2022 au Cameroun. Un mois avant le coup d’envoi de la compétition, l’état de préparation de l’événement et notamment du stade d’Olembé suscite doutes et inquiétudes.
Le 9 janvier à 18h, les travées de l’ultramoderne stade d’Olembé, dans la banlieue de Yaoundé, résonneront sous la clameur d’un public euphorique. Le coup d’envoi de la 33ème Coupe d’Afrique des Nations 2022 (CAN 2022), la plus grande compétition bisannuelle de football du continent, sera sifflé.
Devant leur public, dans la plus importante enceinte du tournoi en termes de capacité (60 000 places), les Lions Indomptables, l’équipe nationale du Cameroun, tenteront de croquer les Burkinabè. Sur le papier, le tableau fait saliver les observateurs et les amoureux du ballon rond.
À un mois du lancement du tournoi, c’est toutefois le doute qui prédomine à la Confédération africaine de football (CAF). Le stade d’Olembé, baptisé stade Omnisports Paul Biya, du nom du président éponyme, cristallise les doutes. Le 3 décembre, après douze ans de travaux, il n’avait toujours pas été réceptionné. La date butoir du chantier était pourtant fixée au 30 novembre.
Le Journal du Cameroun rend compte du blocage de l’avancement du chantier orchestré par la société Razel. Le 2 décembre, l’entreprise de travaux publics est entrée en grève pour réclamer son dû, « sachant bien qu’[il] lui sera bien difficile de se faire payer, après la fin des travaux. »
Fin novembre, le secrétaire général de la CAF, Véron Mosengo-Omba adressait une mise en garde aux organisateurs. « S’agissant du stade (d’ouverture) d’Olembé, sachez que si tout n’est pas réglé d’ici au 30 novembre 2021, le match d’ouverture aura lieu ailleurs, a-t-il déclaré. Des dispositions ont déjà été prises dans ce sens, mais ce serait malheureux pour le Comité d’Organisation, pour la CAF et pour le Cameroun. »
Depuis, le chantier du stade le plus cher d’Afrique se poursuit à un rythme accéléré. Le ministre camerounais des Sports, Narcisse Mouelle Kombi, maître d’ouvrage, s’enquiert quotidiennement de l’avancée des travaux. De leur côté, les ouvriers s’affairent jours et nuits.
Dans « cette ambiance de chantier », ainsi décrit par le quotidien, restent tout de même un certain nombre de finitions à parachever. Lise-Laure Etia, la chroniqueuse sports de TV5 MONDE, régulièrement en contact sur le sujet avec des confrères basés sur place, rapporte des ouvrages inachevés aux alentours de l’infrastructure.
« Il n’y a pas de parking et ce n’est pas goudronné, décrit-t-elle. Par ailleurs, la CAF aurait exigé des clôtures autour de stade, qui devraient être installées dans les prochains jours. » Les images régulièrement tournées par la chaîne de télévision camerounaise, Equinoxe TV, corrobore ces constats.
Un autre coup de pression a été lâché au début du mois de décembre. Abdel Moneim Hussein, ancien joueur et membre de la CAF, a carrément évoqué, au micro de la chaîne égyptienne Al-Hayah TV, la possibilité d’une relocalisation de la CAN au Qatar. « Tout est possible. La CAF est sous l’égide de la FIFA et seule la FIFA peut approuver la délocalisation d’un tournoi en dehors du continent. »
Cependant Lise-Laure Etia ne croit pas en cette perspective sombre. « La CAF aura bien lieu au Cameroun, affirme la journaliste. Il s’agit de faire monter la pression, et c’est normal. S’il s’avérait que le tournoi serait délocalisé, il s’agirait d’une honte nationale. »
M. Mouelle Kombi a d’ailleurs, le 6 décembre, tenté d’étouffer le feu dans les colonnes du Cameroon Tribune. « La stade d’Olembé est prêt et les travaux en cours de la Commission des réceptions provisoires ne remettent nullement en cause sa fonctionnalité, écrivait-t-il. Jour après jour, les changements sont notables et les travaux résiduels qui se poursuivent ont trait à l’embellissement de cette infrastructure. […] La prise de possession qui constitue un processus interne ne remet nullement en cause l’évidence de la tenue et de l’organisation de la cérémonie solennelle d’ouverte à Olmebé le 9 janvier prochain. »
Le lendemain, le directeur de la communication de la CAF, Alexandre Siewe, bottait lui-aussi les rumeurs en touche, au micro de la BBC. « Nous ne pouvons pas passer notre temps à répondre aux rumeurs. Nous n’avons reçu aucun message ou information de nos dirigeants concernant un changement de dates ou de pays. Nous n’avons pas discuté de cela lors de toutes nos dernières réunions. »
Le même jour, le ministre des Sports, publiait de son côté un communiqué attestant de la réception officielle, à Yaoundé, du trophée de la compétition. L’inquiétude quand au bon déroulé de la manifestation et quant à l’application du protocole Covid-19 pour accéder au stade persiste toujours.
Alban NDONG